Les SPACs : Les prémisses d’une nouvelle crise de 1929 ?

En 2020, les bourses américaines ont connu une frénésie d’investissement dans ce « nouvel » outil financier connu sous le nom de SPAC. En Novembre 2020, le marché américain comptait 182 SPACs pesant près de 70 milliards de dollars contre 59 en 2019 et 46 en 2018. Si le phénomène est d’origine américaine, il n’aura pas manqué de tenter de grands noms du marché européen à créer leurs propres SPACs. Ainsi, l’ancien patron d’Uni Crédit et le fondateur de LVMH se sont associés pour lancer leur propre SPAC pour acquérir des compagnies financières européennes.

 

La SPAC ou « Special Purpose Acquisition Compagnie » est une société écran listée en bourse que des investisseurs alimentent en fonds dans le seul but d’acquérir une compagnie. Une fois la SPAC créée, elle a une limite de temps allant jusqu’à 24 mois pour investir dans une firme. Si elle échoue alors le fond est liquidé et retourné aux investisseurs.

 

Ce mode d’investissement offre des avantages à la fois aux investisseurs et aux sociétés acquises via ce procédé. D’un côté, et par construction, la SPAC protège l’investisseur en cas d’échec en garantissant la liquidation des fonds. D’un autre côté, elle permet aux sociétés émergentes d’accéder aux ressources financières d’une plateforme boursière sans les contraintes d’une introduction en bourse. En effet, la compagnie acquise est de facto listée.

 

Ce véhicule d’investissement n’est pas sans précédent et remonte aux années 1920. En 1926, certains trusts avaient pour seul objectif d’investir les fonds mis en commun dans des actions. On en comptait autour de 640 en 1929 avec un capital de 4 milliards de dollars en actifs. Selon l’auteur John Kenneth Galbraith, la popularité de cet instrument aurait entrainé une spéculation sauvage et contribué, par la même, au Crash de 1929.

 

Aujourd’hui, un large nombre d’investisseurs misent sur les SPACs avant même de connaitre la compagnie acquise. C’est le cas de la compagnie GameStop qui a bénéficié d’un large intérêt en dépit d’une base financière fragile et d’une rentabilité faible.

 

La question qui demeure est : Sommes-nous en train de vivre les prémisses d’une nouvelle crise de 1929 avec la résurgence de ce type de véhicule d’investissement ?

 

Loutia Amine, Enseignant-Chercheur ESLSCA Business School Paris