Comment devenir un analyste financier ?

Que vaut réellement une entreprise cotée en bourse, à un moment précis, et quelles sont ses perspectives d'évolution ? Ces questions se trouvent à la base du métier de l'analyste financier. Véritable chercheur et analyste, il doit appliquer des analyses fines et rigoureuses afin de permettre à son employeur et/ou à ses clients de prendre les meilleures décisions d'investissements. Évoluant dans un monde où, d'un simple clic, des sommes à 6, 7 ou 8 zéros peuvent changer de mains, l'analyste financier occupe une place centrale et se voit fortement courtisé. Où travaille l'analyste financier ? Comment procède-t-il ? Et comment devenir analyste financier, pour quel salaire ? Autant de questions auxquelles le présent article apporte réponse. 

Qu'est-ce qu'un analyste financier ? 

Évoluant dans le domaine de la Finance et de la Comptabilité, l'analyste financier est un fin limier. Dès qu'une cible lui est désignée, en règle générale une société cotée en bourse, il se met au travail. Sans relâche, il cherche et récolte toutes les informations pertinentes relatives à la santé financière, aux activités, à la valeur et à l'évolution prévue de cette entreprise, du marché sur lequel elle est active et, le cas échant, des pays où se situent ses activités. Ces informations, il les récolte auprès de diverses sources, dont il doit toujours vérifier la fiabilité. Par exemple, il est un avide lecteur de la presse financière et économique, en particulier des journaux spécialisés. Il peut compléter ses informations de base par toutes sortes de sources comme des blogs d'influenceurs sérieux et réputés, des documentaires… Mais il ne peut pas rester cloîtré dans son bureau. L'analyste financier doit aussi se déplacer, rencontrer les responsables de l'entreprise concernée, s'y faire présenter les activités, se faire expliquer les décisions passées et à venir. Il peut également fréquenter les salles de marchés pour y trouver des informations intéressantes sur les évolutions financières et économiques. 

Grâce à cette montagne d'informations récoltée, compilée et triée, l'analyste exerce ensuite ses talents qui lui valent son nom : il les analyse. Il compare les données aux références des secteurs concernés, calcule les ratios pertinents, repère les tendances visibles et moins visibles, tente de comprendre certains phénomènes (décisions de la part de la direction, opération de re-branding, investissements ou désinvestissements). 

Lorsque la phase d'analyse est terminée, l'analyste financier doit compiler les résultats, les vérifier et ensuite les communiquer aux personnes et organisations qui en sont demandeuses. Il peut s'agir de son employeur direct, d'un collègue gestionnaire de portefeuille, ou d'un client. 

S'il peut aussi travailler seul comme freelance, après une solide expérience en entreprise, l'analyste financier a plutôt tendance à s'intégrer dans une équipe. Il peut se reposer sur le travail des économistes financiers pour récolter les informations pertinentes, et des économistes de marché pour extrapoler les résultats des analyses et établir des prédictions d'évolution. Il peut devenir le plus fidèle conseiller du gestionnaire de portefeuille, à moins qu'il ne soit lui-même ce gestionnaire – chose très fréquente, surtout dans les banques. 

Devenir Analyste financier : qualités requises 

Salaire attractif, statut social, diversité des missions et du travail… ce sont autant de points sensibles qui attirent nombre de candidats au poste d'analyste financier. Néanmoins, ce métier complexe est plutôt réservé aux personnes douées avec les chiffres. Un solide bagage en finances et comptabilité est un véritable must, et la calculatrice sera le plus fidèle compagnon de l'analyste financier dans son quotidien. Outre sa passion pour les chiffres comptables, économiques et financiers, l'analyste doit posséder des qualités personnelles très développées. 

Curiosité 

La première mission de l'analyste financier consiste à récolter un maximum d'informations pertinentes sur une entreprise, ses partenaires, ses fournisseurs, ses clients, son marché… De ce fait, l'analyste financier ne peut pas se contenter de rester sur les sentiers battus. Il lui faut un véritable sens de la curiosité, non seulement dans le cadre de sa mission précise, mais aussi pour se tenir prêt à toute nouvelle mission, toute évolution. C'est donc au quotidien qu'il doit s'informer, découvrir de nouvelles choses, devenir et rester un expert dans son domaine. Lorsqu'une mission lui est confiée, il sait déjà de quoi il en retourne et possède, dans sa tête comme dans son bureau, un véritable cadre de références sur lequel viendront se greffer les informations précises à rechercher. 

Bien entendu, nul ne peut savoir tout sur tout avec un tel degré de précision. Ainsi, les analystes financiers sont très souvent spécialisés dans des domaines particuliers. Tel analyste sera un spécialiste du secteur pétrochimique, tel autre un spécialiste du secteur pharmaceutique… Dans la pratique, le métier d'analyste financier est considéré comme ultra-spécialisé. 

C'est donc dans le cadre de sa spécialisation que l'analyste financier doit exercer sa curiosité. En revanche, il n'est pas évident de changer de secteur. Il lui faudra donc garder l'esprit ouvert et accepter son domaine de spécialisation. 

Sens de l'analyse 

Le cœur du métier est forcément l'analyse des données pertinentes concernant l'entreprise visée. Outre les connaissances nécessaires en comptabilité et analyse financière, l'analyste doit posséder un esprit analytique très large. En observant un système, il doit rapidement en comprendre les forces et les faiblesses. Il doit pouvoir repérer et comprendre les opportunités extérieures ou intérieures, de même que les menaces – il s'agit ici de la base de la fameuse matrice SWOT (Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats). Tout étudiant en finance et affaires la connaît, mais seul un véritable esprit analytique sera capable de la compléter avec les éléments pertinents, subdiviser ses cadrans de manière opportune et comprendre son fonctionnement et son évolution dans un contexte donné. 

 Aux connaissances en comptabilité et finances, l'analyste financier doit ajouter de solides connaissances en économie et dans les questions juridiques de l'entreprise. Un bilan comptable à moment précis ne révèle pas toujours les problèmes légaux que rencontre ou peut rencontrer une entreprise donnée, ni sa capacité à s'adapter aux changements sur les marchés. 

Lorsqu'il rencontre les responsables de l'entreprise (directeur financier, directeur général), l'analyste financier doit aussi analyser ces personnes. Grâce à ses impressions et ses observations, il pourra déterminer si ces responsables seront capables de s'adapter à une baisse du marché, une crise passagère ou à une nouvelle opportunité majeure. Il peut ainsi jauger le « niveau d'agressivité » d'un directeur pour prévoir sa réaction face à une opportunité toute nouvelle, à savoir s'il aura tendance à se lancer tête baissée dedans ou à adopter une attitude plus prudente. 

Et lorsque cette fameuse opportunité se présente, l'analyste financier doit la décortiquer et rapidement en estimer les risques et bénéfices. Ensuite, il doit évaluer les risques que le directeur ainsi analysé pourrait prendre, ou les avantages qu'il pourrait laisser filer. Dans un monde en constante évolution, l'esprit analytique de l'analyste financier ne se repose jamais. 

Adaptabilité et spécialisation 

L'analyste financier se spécialise généralement dans un secteur particulier. Il peut le choisir en fonction de ses affinités personnelles, ou bien se le voir imposer par la force des choses. Dans ce cas, il devra faire preuve d'une grande adaptabilité pour devenir rapidement expert dans un domaine qui n'est pas le sien au départ. 

Il ne peut se contenter de regarder des bilans comptables, l'analyste financier doit examiner tous les processus de l'entreprise. Lorsque des usines sont concernées, il sera même amené à visiter les sites de production pour constater par lui-même le travail, la qualité, le respect des mesures de sécurité… Autant de facteurs pouvant rendre un investissement futur sûr ou risqué. Une entreprise peut avoir un magnifique bilan, mais dissimuler des problèmes de sécurité ou d'hygiène (secteur alimentaire). 

Par exemple, en juin 2022, la plus grande chocolaterie du monde, située en Belgique, avait dû suspendre sa production pendant plus d'un mois à la suite de la découverte de salmonelles dans un lot. Un bon analyste financier spécialisé dans le secteur alimentaire peut estimer le risque qu'une telle suspension se produise et ainsi donner des recommandations d'investissements à ses employeurs ou ses clients. Mais pour cela, il doit parfaitement connaître les problématiques liées à l'hygiène. 

Rigueur et sens de l'organisation 

Avoir un esprit d'analyse brillant ne suffit pas. Peu d'investisseurs se contenteront des estimations personnelles et des intuitions de l'analyste pour investir des dizaines ou centaines de millions d'euros. Afin de servir correctement les intérêts de ses commanditaires, l'analyste financier doit vérifier ses sources, recouper ses informations, garantir la qualité de ses calculs et démontrer ses résultats d'analyses. Ceci nécessite une très bonne organisation et une rigueur sans faille, pour ne perdre aucune donnée, respecter les étapes des raisonnements et produire des recommandations sérieuses, étayées et structurées. 

Cette rigueur se fait déjà remarquer dans la phase de collecte d'informations, où l'analyste doit trier une montagne de données pour n'en garder que celles qui sont pertinentes et vérifiables. 

Capacité de synthèse et communication 

Tout travail d'analyse est destiné à se traduire en recommandations pour un commanditaire, que ce soit un investisseur ou un gestionnaire de dossier. L'analyste financier doit pouvoir synthétiser le processus et les résultats de ses analyses afin de les rendre compréhensibles par les personnes concernées. Celles-ci n'ont pas le temps de lire une brique, elles attendent un rapport complet, mais efficace, efficient. 

Lors de la production de ses recommandations, l'analyste financier doit donc faire preuve d'un véritable sens de la communication. Il sera en mesure d'attirer l'attention sur les éléments les plus importants, guider le lecteur ou l'auditeur à travers son raisonnement, et se préparer à répondre à d'éventuelles questions. 

Quelles études faire pour devenir analyste financier ? 

Afin de répondre aux exigences des employeurs en début de carrière, l'aspirant analyste financier devrait avoir en poche, outre sa lettre de motivation, un diplôme de master spécialisé en finance délivré par une grande école de commerce ou d'ingénieur. Un MBA international ou un MBA en droit des affaires sont des diplômes très intéressants pour les futurs employeurs. 

Il est également recommandé d'avoir un Bac+5 dans un domaine pointu utile pour l'analyse financière, comme les mathématiques, les statistiques ou l'ingénierie. Les ingénieurs financiers sont aussi très recherchés pour devenir analystes financiers en entreprise. 

En France, il est vivement conseillé de suivre ses études à Paris ou en Île-de-France. Outre la réputation des écoles, c'est la connaissance des lieux et la construction d'un réseau de contacts dans cette zone qui seront très bénéfiques. En effet, il faut savoir que l'écrasante majorité des analystes financiers confirmés exercent en Île-de-France, auprès de grandes sociétés d'investissements ou de banques. Pour y entrer, la compétition est rude. Il vaut mieux mettre autant d'atouts possibles de son côté avant de se lancer dans la recherche d'emploi. 

En général, il faut d'abord accumuler quelques années d'expérience en tant qu'assistant analyste financier, ou du moins dans un poste « junior ». Cette expérience sera précieuse pour entrer dans un secteur particulier, découvrir les ficelles du métier et développer un réseau de contacts privilégiés. Pendant cette période, le « junior » pourra continuer sa formation pour approfondir certaines connaissances et pour s'adapter aux évolutions rapides de notre société, en particulier du marketing digital. Des formations complémentaires sont conseillées en contrôle de gestion, nouvelles règles comptables, gestion financière, anglais des affaires et maîtrise des outils informatiques – en particulier Excel. 

Quel est le salaire d'un analyste financier ? 

Les travailleurs « juniors », assistants et débutants analystes financiers ont un salaire brut d'environ 30 000 euros par an en France. Cette rémunération de base est amenée à croître rapidement alors que le travailleur démontre ses qualités, complète sa formation et fait valoir la qualité de son travail. Les analystes financiers confirmés peuvent espérer dépasser la barre des 100 000 euros annuels bruts. Ceci rend le métier très attractif, en plus de la diversité du travail, et explique la rude concurrence qui sévit aux portes des sociétés d'investissements et des banques. L'obtention d'un MBA en droit des affaires ou d'un Executive MBA en Finance de Marché est un atout indéniable pour se distinguer face à ses concurrents. 

Après avoir effectué une carrière riche et fructueuse, certains analystes financiers décident de devenir leur propre patron. Ils choisissent la voie du Freelance et travaillent directement pour les clients. Dans ce cas, ils fixent eux-mêmes leurs tarifs et leur rémunération dépend de leur capacité à se vendre auprès de leurs clients et de la charge de travail qu'ils sont prêts à accepter. 

 

Les analystes financiers décidant de poursuivre leur carrière au sein d'une entreprise peuvent devenir directeurs financiers, auditeurs, contrôleurs de gestion ou encore directeurs d'études financières. Les possibilités d'évolution sont donc nombreuses, un autre atout de ce métier très recherché. En utilisant son sens de l'organisation, l'analyste financier pourra suivre des formations complémentaires pour obtenir ces promotions et faire une grande carrière.