
Shadow banking : un risque caché pour la stabilité financière ?
La formule Shadow Banking (ou banque de l’ombre) correspond aux différentes activités et acteurs qui participent au système bancaire sans en faire partie. Pour simplifier, on peut indiquer qu’il s’agit d’une intermédiation bancaire, un système qui vise à collecter des fonds et octroyer des financements sans passer par des professionnels bancaires. Depuis 2018, ce Shadow Banking est connu sous le nom d’intermédiation financière non-bancaire (IFNB). Il s’agit avant tout d’une alternative très utile pour le financement, l’innovation mais aussi la croissance, qui a un rôle très important mais aussi de nombreux risques. Voyons en détail de quoi il s’agit et tentons de comprendre les risques que cela véhicule et l’impact sur les marchés.
Qu'est-ce que le Shadow Banking ?
Le Shadow Banking est un système de fonds et d’octroi de financement qui implique différents acteurs n’appartenant pas au système traditionnel bancaire. Ceux-ci peuvent néanmoins réaliser des activités similaires.
Pour mieux comprendre cette activité que l’on qualifie généralement de finance parallèle, on peut étudier les travaux du Conseil de Stabilité Financière qui a été créé en 2009.
C’est un secteur très difficile à comprendre et connaître. L’origine de ce Shadow Banking ou IFNB (intermédiation financière non-bancaire) remonte aux années 1980. C’est avec la libéralisation des marchés financiers que ces activités sont apparues. C’est donc un ensemble particulièrement diversifié et très vaste d’opérations financières et d’acteurs. On peut citer, par exemple, :
La collecte de fonds par un fonds monétaire ou Hedge Fund
L’octroi de financement par un fond de capital-risque,
Les opérations de titrisation complexes…
Les acteurs de ce Shadow Banking proposent une voie alternative au financement classique et traditionnel des banques et à la politique monétaire officielle.
Et c’est un système très utilisé. L’IFNB représente, en effet, 48% des actifs financiers mondiaux. Son poids est considérable puisqu’il représentait l’équivalent de 51 000 milliards de dollars en 2019.
Les acteurs de ce système sont soumis à une réglementation qui diffère de celle des banques traditionnelles. Il est vrai que le modèle économique que ces acteurs suivent repose en grande partie sur :
L’endettement,
La transformation de liquidité,
La maturité (lorsqu’on se finance à court terme pour prêter à long terme),
L’effet de levier (techniques permettant d’investir un montant supérieur au capital détenu).
Ce marché est en forte croissance et cela provoque une vigilance particulière des autorités de supervision. Il est vrai que c’est un domaine peu transparent. Les exigences réglementaires sont moins nombreuses qu’avec les banques traditionnelles. Il peut y avoir des liens avec certains paradis fiscaux ou certaines juridictions sous surveillance et à hauts risques dans le cadre de la lutte contre le blanchiment ou le financement du terrorisme.
Ce secteur est de plus en plus présent dans le cadre du financement de l’économie et les interconnexions avec le système bancaire traditionnel imposent un encadrement plus spécifique et rigoureux pour assurer une stabilité financière. Cela pourra garantir qu’une difficulté liée à une structure ne se transmette à l’ensemble du système financier (ou risque systémique). Les instances internationales demandent l’adoption d’un cadre commun fondé sur le principe « mêmes activités, mêmes risques, mêmes règles ». Il sera ainsi possible de garantir une concurrence équitable entre les acteurs de la banque traditionnelle et les acteurs de l’IFNB.
Définition et fonctionnement de la finance parallèle
Le Shadow Banking est réalisé par une myriade d’intermédiaires financiers :
Hedge Funds,
Fond de titrisation,
Fonds monétaires,
Capital-investissement,
Trusts…
Qui collectent et gèrent les fonds sans pour autant être liés aux établissements de crédit qui sont contrôlés par les superviseurs officiels. Ces acteurs vont lever des capitaux pour des demandeurs de fonds.
Le Shadow Banking est très proche de l’intermédiation d’une banque traditionnelle. Cela propose des financements. Toutefois, c’est un service qui n’est pas régulé. Il n’y a donc aucun filet de sécurité en cas de problème.
Les acteurs de cet IFNB n’ont pas de capacité de création monétaire. Ils collectent généralement les fonds auprès d’agents économiques ayant une capacité de financement (il peut s’agir d’investisseurs ou d’épargnants). Les fonds sont investis et gérés. Pour cela, on va prêter à ceux qui ont besoin de financement. Ces financements et les investissements réalisés vont générer des recettes qui seront utilisées pour rémunérer les agents économiques mais aussi l’institution non bancaire financière pour son rôle d’intermédiaire.
L’IFNB peut prêter de l’argent donc mais aussi apporter d’autres solutions :
Crédit-bail
Financement locatif,
Affacturage,
Assurances,
Garanties sur les produits financiers…
Les acteurs du Shadow Banking gèrent une partie de l’épargne. Néanmoins, ces fonds ne sont pas assimilés à des dépôts bancaires. Il n’y a donc pas de garanties des dépôts.
Différences avec les banques traditionnelles
Les sociétés faisant partie de l’IFNB sont très souvent des filiales de banques (ou de sociétés d’assurance). Ce sont aussi des structures totalement indépendantes. Elles entretiennent toutefois des relations étroites avec les banques. Ces deux entités sont donc interdépendantes.
Les banques traditionnelles exercent uniquement leurs activités sous la surveillance de régulateurs financiers, ce qui n’est pas le cas des acteurs de l’IFNB.
Quels sont les risques associés au Shadow Banking ?
Le Shadow Banking est une opportunité intéressante pour obtenir de l’argent sans passer par les banques traditionnelles. Néanmoins, il présente également des risques financiers.
Le principal risque qui peut être rencontré se situe dans les relations étroites entre IFNB et systèmes de finance traditionnels. En effet, une chute importante d’une entité peut entraîner une chute équivalente (voire plus importante) dans le système traditionnel. L’effet de contagion est très important (on l’a vu avec la crise des subprimes). C’est la raison pour laquelle les régulateurs surveillent avec soin cette activité.
Autre risque important : le Shadow Banking a un poids très important dans le système financier global mais il reste très opaque. Il n’est donc pas simple de bien appréhender les effets procycliques dont il peut être à l’origine.
Il est aussi important de signaler que l’IFNB est un secteur faiblement capitalisé. Sans fonds propres, les entités recourent à l’endettement pour financer leurs activités. Elles seront alors face à une capacité d’absorption des chocs financiers limitée. Sans oublier que ce secteur ne bénéficie pas de l’aide de la banque centrale, ni des filets de sécurité publics.
Le risque de perte des capitaux pour les investisseurs est aussi important. Pour obtenir de fortes sommes à investir, les acteurs vont faire appel à l’effet levier. Ils devront donc s’endetter massivement en misant sur les gains attendus. Mais les fonds ne sont pas garantis.
Manque de régulation et opacité des transactions
Le Shadow Banking ne suit donc pas les principes de base tels que règles, pratiques et encadrement des activités financières qui aident au bon fonctionnement du marché (transparence et intégrité). On peut également constater que de nombreuses transactions restent dans l’opacité.
C’est donc un secteur où de nombreuses questions peuvent se poser et on avance à l’aveugle. L’opacité est également propice à la fraude. Il faut souligner que près des deux tiers des organismes IFNB sont hébergés en Chine, dans les Îles Caïman, en Irlande ou encore au Luxembourg.
Risques de liquidité et d'effet de levier excessif
Le risque de perte des capitaux pour les investisseurs est important. Pour obtenir de fortes sommes à investir, les acteurs vont faire appel à l’effet levier. Ils devront donc s’endetter massivement en misant sur les gains attendus. Les fonds ne sont absolument pas garantis. En cas de défaillance, il y a un grand risque de perte.
Impact du Shadow Banking sur la stabilité des marchés
L’IFNB progresse deux fois plus vite que la finance traditionnelle et évolue dans l’ombre. Cela a donc une place de plus en plus importante dans le système économique mondial.
Exemples de crises liées au Shadow Banking
L’exemple le plus connu des crises liées à l’IFNB est sans conteste celui des subprimes en 2008. Ces subprimes ont provoqué une panique sur les marchés américains et mondiaux. Ces prêts immobiliers ont été massivement accordés par les banques. Les Américains achètent beaucoup de maisons et les prix augmentent. Pour pouvoir accorder ces crédits en grande qualité, les banques font appel à des produits financiers parallèles. Lorsque le prix de l’immobilier chute, les banques se trouvent confrontées à des difficultés et sont face à une crise de liquidité. Certaines font faillite, ce qui provoque une panique et une grande instabilité financière. Celles-ci gagnent le monde et ont longtemps causé des troubles dans l’économie mondiale. On fait alors face à une volatilité importante.
Stratégies pour réduire les risques et améliorer la transparence
Face à cette crise, les pays ont injecté plus de monnaie dans l’économie. Les pays ont également fortement augmenté leurs dépenses et ont soutenu l’économie.
Les IFBN ont également dû revoir leurs principes de fonctionnement. Ils se sont ainsi penchés sur
Les types et sources de financement,
Les conditions et les attentes du marché,
La notation de crédit et la réputation,
La durée et l’échéance.
Une plus grande transparence a été également mise en avant. Ces IFNB ont ainsi eu recours officiellement à des sources et canaux de financement reconnus. Ils ont également couvert le risque des taux d’intérêts et de change.
Les banques centrales peuvent également mettre en œuvre une politique monétaire dédiée.
Quel avenir pour le Shadow Banking ?
Ce Shadow Banking est devenu une partie importante du paysage financier, avec un impact important sur l’économie.
Ces IFNB ont différents avantages. Pour les consommateurs, par exemple, les frais sont plus faibles qu’avec les banques traditionnelles.
Néanmoins, ces IFNB se présentent avec une stabilité non prouvée. Ils peuvent alors être beaucoup plus vulnérables aux chocs économiques (cela a été le cas en 2008). De plus, le manque de surveillance réglementaire peut mettre les utilisateurs en danger.
Les nouvelles réglementations en discussion
C’est ici un problème clef. La surveillance des règles est indispensable. Les régulateurs devront impérativement trouver un moyen pour vérifier que ces IFNB ne transgressent pas de lois et qu’ils sont stables et sécurisés. De nouvelles réglementations devront alors être mises en place, tout comme de nouveaux mécanismes de surveillance.
Tout comme pour les veilles réglementaires incontournables pour les entreprises, les IFNB devront respecter des règles et être surveillés.
Perspectives d'évolution du marché financier parallèle
La transparence est au cœur de l’avenir de ces IFNB. Elle est indispensable pour redonner confiance. Les montants en question sont très élevés et il est important d’être clair et transparent pour évoluer au mieux en respectant les lois et règles mondiales.
Conclusion
Le Shadow Banking est un système de collecte de fonds et d’octroi de financements qui utilisent des actifs ne provenant pas du système bancaire traditionnel. Les IFNB peuvent toutefois réaliser des activités similaires. Il est néanmoins important de souligner que ce système ne suit pas les règles connues du monde de la finance. Il y a donc des risques plus importants. Nous avons vu ceux-ci. Pour lutter au mieux contre ceux-ci, il est important de mettre en avant la transparence et la sécurité.